Le soufisme, jardin secret où les âmes s’épanouissent en silence, élève le Féminin à la hauteur des étoiles. Éric Geoffroy, dans Allah au féminin, dévoile cette dimension subtile où la femme, par son essence divine, devient une voie sacrée vers le Très-Haut. Ibn ‘Arabî, maître des cœurs, murmure que dans l’étreinte du Féminin réside l’ultime secret, celui qui guide l’âme vers le seuil de l’infini.
En écho à cette vision, Bariza Khiari célèbre l’égalité spirituelle offerte par le soufisme, rappelant que cette égalité est incarnée par des figures telles que Rabi’a al-‘Adawiyya, rose éternelle, et Sayyida Nafîsa, lumière des saints. Aujourd’hui encore, des âmes comme Nur Artiran et Eva de Vitray-Meyerovitch portent en elles la flamme de cet héritage, guidant les cœurs sur les chemins de la spiritualité, telles des phares perçant les ténèbres.
Cheikh Ibrahim Niasse, éclatant astre du soufisme, perçut dans les femmes non seulement des égales, mais des âmes lumineuses, dignes de puiser à la source même de la connaissance divine. Il fit d’elles les gardiennes de la lumière, conférant à chacune un rôle sacré dans l’harmonie de la création, un savoir transcendant les frontières du monde. Dans son œuvre *Kachiful albachi*, il rend hommage à la spiritualité féminine, rappelant que le chemin soufi ignore les barrières de genre. Les stations mystiques s’offrent à tous, hommes et femmes, sans distinction, comme une invitation divine à se fondre dans l’océan infini de l’amour spirituel. Dieu révèle que les échelons spirituels sont à la portée de tous : « En vérité, les musulmans et les musulmanes… ceux qui rappellent souvent Allah et celles qui se souviennent d’Allah – Allah a préparé pour eux un pardon et une énorme récompense. » (Al-Ahzab, 33 :35). Aucun rang spirituel, après la prophétie et le statut de Qutb, n’est inaccessible aux femmes, comme le montrent les figures emblématiques de Marie, l’icône intemporelle, Āsiyā bint Muzāḥim, Khadija, Aïcha, et Fatima.
Hadja Fatima Zahra, surnommée « Ya Faati », fut la première à recevoir le flambeau de l’ouverture spirituelle, investie par son père de la mission sacrée de guider les âmes. Avant que nul autre ne franchisse ce seuil, elle portait déjà cette lumière. Dame Khadija et Dame Umm Kulthum, gardiennes du Verbe sacré, mémorisèrent le Coran à une époque où la voix des femmes résonnait peu dans les annales de la transmission. Pourtant, Cheikh Ibrahim, visionnaire et sage, leur ouvrit les portes des cercles d’érudition, les plaçant aux côtés des hommes et témoignant ainsi de leur égale dignité.
Sous la plume inspirée de l’éminent journaliste Oustaz Babacar Oumar Niang, ces figures féminines prennent vie, révélant la profondeur de leur engagement. Cheikha Ruqayyah Ibrahim Niasse, poétesse et enseignante, est une source jaillissante nourrissant les esprits en quête de vérité. Ses vers, empreints de la sagesse de son père, éclairent le chemin de ceux qui cherchent l’élévation spirituelle. Cheikha Mariam Ibrahim Niasse, surnommée « Servante du Coran », est un phare dans la nuit, éclairant le monde par l’enseignement du Livre sacré. Son dévouement a fait fleurir des écoles, sanctuaires du savoir divin, dans les coins les plus reculés du monde. Cheikha Umm al-Khayr Ibrahim Niasse, au cœur du Niger, tisse avec soin les fils de l’éducation spirituelle, créant une tapisserie d’amour et de dévotion.
Ces femmes, figures célestes, ont gravé dans l’étoffe du temps l’héritage de leur père. Par leur engagement et leur ferveur, elles ont ouvert des chemins lumineux pour les générations à venir, unissant tradition et modernité dans une danse sacrée. Comme l’écrit Oustaz Babacar Oumar Niang avec une sensibilité rare, elles sont le reflet de l’infini, des âmes en quête de l’Absolu, qui ont su ancrer leur lumière dans les réalités d’un monde en quête de sens.
Pourtant, il est crucial de reconnaître que dans le cours de l’histoire, les pratiques sociales ont souvent voilé la lumière des femmes. Mais le soufisme, fidèle aux enseignements prophétiques, prône une égalité qui résonne comme une mélodie éternelle. Une divergence persiste néanmoins quant à l’accès des femmes au rôle de Qutb. Certaines écoles soufies traditionnelles estiment que cette station est réservée aux hommes, s’appuyant sur des interprétations historiques et culturelles. D’autres maîtres, plus inclusifs, contestent cette limitation, arguant que la distinction de genre n’a pas de fondement scripturaire solide. Des âmes lumineuses comme Rabi’a al-Adawiyya ont survolé les hauteurs spirituelles, prouvant que la sainteté n’est pas l’apanage des hommes seuls.
Ainsi, le soufisme, en reconnaissant l’égalité spirituelle entre hommes et femmes, fait écho à une vérité intemporelle : l’amour divin transcende toute division. Le chemin vers Dieu est ouvert à tous, et les femmes, par leur dévotion et leur sagesse, sont des gardiennes de cette voie sacrée, capables d’atteindre les mêmes sommets que leurs homologues masculins. Le Féminin, loin d’être une simple dimension complémentaire, est une force centrale, une réalité ontologique qui nourrit et élève la quête mystique vers l’Infini.